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Programme participatif citoyen à Montréal, ou la ville à l’échelle du milieu de vie

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À la découverte des programmes participatifs citoyens Montréalais

Interview d’un habitant de Rosemont Petite Patrie
Le centre d’écologie urbaine de Montréal

Le centre d’écologie urbaine de Montréal est organisme sans but lucratif qui mène des projets et des politiques publiques pour créer des villes plus écologiques et démocratiques. L’organisation agit pour des espaces publics à taille humaine et intervient à l’échelle locale. Elle est à l’initiative de nombreux projets dans la ville de Montréal avec un focus sur l’accompagnement de processus participatif (budget participatif, aménagement participatif, etc.) dont les programmes participatifs citoyens.

Intérêt pour la coopération Franco-Québécoise

En octobre 2021, Museare est allé à la rencontre de Gabriel Larue et Nouha Dahri, deux chargés de développements dédiés à la coordination des projets menés dans le cadre des programmes participatifs citoyens. L’objectif de cette rencontre était de mieux comprendre le fonctionnement du programme participatif citoyen. Cette initiative co-porté par l’arrondissement Rosemont Petite Patrie à Montréal et le Centre d’écologie Urbaine dessine un nouveau modèle d’implication citoyenne riche d’enseignements

Les programmes participatifs citoyens

Le CEUM accompagne l’arrondissement de Rosemont La petite-patrie dans la mise en place du programme participatif Citoyen. Ce programme initié en 2019 offre la possibilité aux citoyens de participer activement à l’amélioration de leur environnement de vie en présentant des idées d’amélioration de leurs quartier dans le cadre d’un appel à projets annuel, menés en partenariat avec le CEUM. L’objectif de ce programme est de soutenir et favoriser l’engagement citoyen à l’échelle du “milieu de vie”. Ce programme novateur de transformation urbaine se situe à la croisée des principes de démocratie participative, de budget participatif et d’appropriation citoyenne

Fonctionnement des programmes participatifs citoyens

Plusieurs principes sont posé en préambule par l’arrondissement dans le cadre du programme PPC. Ceux-ci matérialise l’attention porté à la création d’espace de participation citoyenne compatible avec un cadre institutionnel publique porté par une collectivité. En effet les milieux de vie doivent être entièrement indépendants de toute organisation politique, économique, communautaire, institutionnelle (scolaire et gouvernementale) ou religieuse. Bien qu’ils travaillent à l’amélioration de leur environnement, les milieux de vie n’ont pas le rôle d’agir comme des groupes de pression auprès de l’Arrondissement sur des sujets particuliers.

Le fonctionnement interne de chaque milieu de vie repose sur le partage et la mise en commun des idées suivant un forme d’organisation par différents comités, élus par une assemblée constitutive

La formation d’un milieu de vie est initié par une déclaration d’intérêt de la part des habitants d’un quartier. Ils doivent être au moins 250 à signer cette déclaration d’intérêt afin de candidater à la création d’un milieu de vie. Par la suite, une première assemblée constitutive est organisé par l’organisme chargé d’accompagner les citoyens dans ce processus. Ici, c’est le centre d’écologie urbaine de Montréal qui assure cette mission. Et si ce sont bien les citoyens qui sont à l’initiative de la création d’un “milieu de vie” afin de pouvoir candidater au programme PPC, les délimitations de ce derniers doivent recevoir la validation de l’arrondissement afin d’éviter notamment qu’un espace soient exclus de tout milieu de vie.

L’assemblée du milieu de vie rassemble l’ensemble des personnes intéressés. C’est un organe délibératif qui est notamment mobilisé pour choisir les projets citoyens qui seront financé par l’arrondissement et d’élire les membres du comité du milieu de vie.

Le comité de milieu de vie à le rôle d’assurer le bon déroulé des activités et il assure le suivi des projets votés par l’assemblée. C’est également lui qui est chargé d’assurer la liaison avec le centre d’écologie urbaine de Montréal, qui joue un rôle d’intermédiaire entre le collectif de citoyens qui compose le milieu de vie et les pouvoirs publics. Composé de 3 à 7 personnes élu lors de l’assemblé du milieu de vie, il assure un véritable rôle de coordination.

Enfin une équipe projet dédié à chaque projet est chargée de coordonner la réalisation des initiatives citoyennes et de veiller à la mobilisation autour de chaque projet. Plusieurs équipes de projet peuvent fonctionner en parallèle au sein d’un même milieu de vie. Les équipes projets sont mises sur pied au moment du choix des projets par l’assemblée. C’est elles qui sont ensuite chargé de mobilisés les habitants autour du projets et de rendre compte de son évolution auprès du comité

Déroulé et typologie des projets

Une fois que les assemblées constitutives de chaque milieux de vies ont élus leurs comité, validé des projets et constitué des équipes projets, l’arrondissement propose à chaque milieu de vie un budget de 10 000$ dédié à la réalisation de leurs projets pendant 1 année. Le centre d’écologie urbaine s’assure du bon déroulé du programme et du suivi des différents projets. Le programme est notamment ponctué de plusieurs ateliers dédiés à l’idéation, la co-construction et la prise de décision en collectif.

Lors de notre visite, nous avons découvert trois projets portés par plusieurs équipes projets Le premier nommé « Petite Plaza » consistait à la création d’un malle à jeux de plein air partagé dans un petit square près d’un espace de jeu pour enfant Le second consistait à un marquage au sol près d’une école élémentaire pour rendre plus agréable le chemin de l’école tout en favorisant la sécurité des cheminements piétons. Enfin, nous avons visité un potager partager conçu sur le toit d’un parking.

Analyse et enseignements de cette rencontre :

Cette initiative est particulièrement intéressante car elle propose un cadre technique et politique qui permet aux citoyens de s’engager dans la fabrique de la ville. Au delà des aspects matériels des différentes initiatives réalisés, le programme PPC offre une expérience de démocratie local et participative aux habitants qui s’impliquent dans le projet et crée du lien social.

La ville à l’échelle du milieu de vie

L’échelle d’intervention proposé est celle du «milieu de vie». Ce qui correspond à un découpage de la ville à l’échelle du micro-quartier, assez variable selon les caractéristique de chaque quartier et sont avant tout déterminé par le “lieu vécu” et le sentiment d’appartenance à leur égard. De manière générale et dans le cas étudié de l’arrondissement Rosemont Petite-Patrie, le milieu de vie correspond à un espace ou l’on peut vivre, se divertir ou travailler, à moins de 500 mètres de chez soi. D’une superficie allant de 0,3km2 à 1km2, un milieu de vie peut être plus ou moins peuplé, allant de 2000 à 9000 habitants dans le cas présent.

Cette approche rappelle celle de ville du “quart d’heure”, concept co-créé par l’universitaire franco-colombien Carlos Moreno, professeur associé à l’Institut d’administration des entreprises de Paris (Université Paris 1-Panthéon Sorbonne). Une telle approche spatiale facilite la mise en place de processus de démocratie participative et de mode de prise de décision démocratique. Elle permet également de renforcer le vecteur social qui sous-tend à la participation citoyenne

Rendre visible le cadre de la participation citoyenne :

Ce programme rend visible l’importance du cadre apporté à la participation citoyenne. Dans le cas présent, ce sont deux chargé de projets à pleins-temps qui sont dédié au suivi des projets et à la mise en place des instance de gouvernance partagé dans chaque milieu de vie en plus d’un référent à l’arrondissement pour apporter des réponses aux différents comités. La conception de ce cadre nous semble un facteur essentiel de la faisabilité d’un tel programme. En effet, l’aménagement de l’espace public étant une compétence propre aux collectivité publique, permettre aux citoyens de s’engager dans le devenir de leur quartier en portant des projets dans l’espace public demande une organisation spécifique (juridique, technique et démocratique) qui est rendu possible par la mise en place d’une démarche qui assure la compatibilité entre initiative citoyennes et les politiques publiques à l’oeuvre localement.

Le rôle des acteurs intermédiaires :

Cette action interroge le rôle d’acteurs intermédiaire et la capacité d’une collectivité publique à déléguer des démarches participatives à des associations. Les enjeux relatifs à la mise en place d’un tel projet vont concerner la durabilité de la mobilisation citoyenne, l’inclusivité des publics touchés et la capacité des collectivités publiques à répondre aux attentes des citoyens. Pour mener à bien cette initiative, l’arrondissement s’appuie sur l’expertise en participation citoyenne du Centre d’écologie Urbaine de Montréal. Ils sont le garant du bon déroulé du programme et assure un suivi et un soutien essentiel pour rendre possible les différents temps forts de la vie du “milieu de vie” (soutien à l’organisation des assemblées, appui aux communication, etc). De plus, l’acteur intermédiaire est le garant de faisabilité techniques des projets plébiscité par les citoyens. En effet, ils s’assurent que les projets sont réalisables, tant en cout qu’en délais, et conforme aux réglementation et règle d’urbanisme en vigueur. Si le fonctionnement de chaque milieu de vie ressemble quelque peu au fonctionnement en vigueur dans certaines associations classique, c’est l’acteur intermédiaire qui prend la responsabilité des projets menés en mettant en jeu sa propre assurance. De plus, ils sont responsables de la réédition des comptes de chaque projets et assurent les remontés d’informations vers la collectivité publiques.

Les effets sur le territoire :

Les effets sur le territoires sont multiples. Les participants du programme participatif rencontrent leurs voisins, portent des projets collectifs à l’échelle de leur milieu de vie et crée une chaine de solidarité entre habitants. Les habitants se sentent également plus responsable de leur quartier et se découvre dans de nouvelles formes d’engagement citoyens. Pour la collectivités publique, ce programme leur permet d’être au plus près des besoins de leurs administrés et de pouvoir assurer une remontée d’information capable de produire des projets urbains en harmonie avec les habitants. L’acteur intermédiaire permet à la collectivités de développer de nouvelles compétences sociales qui renforcent ses pouvoirs habituels d’aménageurs.

En résumé

Espace d’intervention

Montréal et la région de Québec 

Nombre de bénéficiaires

2 656 citoyens engagés

Métiers et compétences

Chargés de projets et de développement : expérience dans l’animation, en concertation.

Gouvernance

Partagée. Association avec un conseil d’administration bénévole et une direction générale. 

Parties prenantes

Centre de recherche, arrondissements,  OBNL, citoyens, agents publics 

Formation / outillage

Accompagner les citoyens dans le cadre d’ateliers. Sélection des milieux de vie, création d’un contrat de groupe, programme d’échanges, de réflexions et de co-création de projet.

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