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À la découverte du Carré Casgrain

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En résumé

Au printemps 2017, des habitants du quartier Rosemont–La Petite-Patrie à Montréal décident d’occuper un terrain vague situé à l’extrémité de leur ruelle pour en faire un jardin en permaculture et un espace de rencontre. Partage des savoir-faire horticoles, fabrication d’accessoires en matériel recyclé, organisation d’événements socioculturels, gestion des relations avec le voisinage… Pendant deux ans, le Carré Casgrain devient une véritable communauté qui rassemble les habitants des ruelles attenantes et au delà. En 2019, après un litige avec le propriétaire du terrain, l’ensemble des aménagements sont détruits et le terrain est fermé au public. Deux ans plus tard, Museare vient à la rencontre d’habitants ayant activement participé a au projet pour comprendre les enjeux d’une initiative citoyenne menée hors de tout cadre institutionnel réglementaire.

  1. Emplacement géographique : Carré Casgrain et ruelle verte Saint-Dominique-Casgrain, entre Bellechasse et Beaubien, à Montréal
  2. Bénéficiaires : Habitués des lieux, habitants des ruelles avoisinantes du lieu
  3. Partie prenante : Les habitants des ruelles attenantes au carré. Plusieurs chercheuses ont mené un travail d’enquête qui a mené à la publication d’un livre sur l’initiative.
  4. Gouvernance : Comité de citoyens autogéré sur le principe de « dispocratie » (auto-gestion organique)
  5. Formation / outillage : échange de compétences et de savoir-faire entre habitants du quartier. L’outil de messagerie Slack a permis de structurer, organiser et fluidifier les échanges entre voisins.
  6. Réseau / partenaires : Soutien de SODER (Société de développement environnemental de Rosemont).

Historique

L’histoire commence en 2001 quand un spéculateur achète le terrain, sur lequel est bâti une maison . En 2006, de part sa dangerosité, la municipalité démolit la maison qui prenait place sur le terrain. Après cette démolition le terrain est resté en friche, sans aucune utilisation. Dix ans plus tard, les résidents du quartier se sont dit qu’il y avait « quelque chose à faire » sur cet espace laissé vide de tout usage. Les voisins ont alors débroussaillé tout le terrain pour le rendre plus attrayant et ont commencé à mettre en place des activités sur le site : Le Carré Casgrain était né.  Lieu de convivialité et d’échanges entre voisins, de nombreux usages lui sont dédiés : permaculture, événementiel, espace entraide, solidarité entre voisins (échanges de services), aide à la personne, restauration temporaire, éphémère, etc. L’appropriation de ce terrain par les habitants du quartier est malheureusement illégale. On pourrait l’assimiler à un squat, un milieu de vie créé sur un terrain privé sans aucune autorisation. En 2019, suite à un litige avec le propriétaire du terrain concernant le rachat et la pérennisation du site, le Carré Casgrain est démoli et remis en friche. Reste aujourd’hui dans le cœur de chacun des participants à ce beau projet les enseignements et les valeurs apportées par cette initiative.

Missions

Inventer les possibles usages collectifs de la friche du Carré Casgrain en lien avec les habitants du quartier et leurs besoins / envies. Éveiller la prise de conscience écologique par la projet de verdissement de la ruelle.

Activités et services proposés : Permaculture / événementiel / entraide, solidarité entre voisin (échanges de services) / aide à la personne / restauration temporaire (restaurant dy), éphémère

Valeurs

écologie

entraide

partage

Nos interlocuteur.ices

A gauche : Claude, habitant du quartier Rosemont-Petite patrie, acteur engagé dans le projet du carré Casgrain
Au milieu : Hélène : habitante du quartier, actrice du projet et membre active du collectif à l’initiative du projet
A droite : Laurence : Professeure en sciences politiques à l’Université de Montréal – experte en politique urbaine et participation citoyenne

« On fonctionnait sur le principe de la « dispocratie ». Si on est disponible pour faire quelque chose, et bien on le fait. Et si personne est disponible, on s’en passe ou on fait autrement. » Hélène

Hélènd
Une soirée organisé par le voisinage sur le Carré Casgrain

Analyse

Un projet comme celui du Carré Casgrain permet de mettre en lumière la force et les convictions d’un comité de résident à monter un projet collaboratif et participatif sans soutien légal. La véritable question est maintenant de savoir comment une initiative aux caractéristiques similaires à celle ci pourrait franchir le pas de la structuration légale, garder son autonomie et sa volonté propre sans que l’aide, le financement ou l’accompagnement d’un intermédiaire et d’une municipalité n’enraye la dynamique du collectif et l’orientation des valeurs d’un tel projet.

Chaque participant au projet à développer un comportement d’entraide à l’échelle du voisinage encore existant aujourd’hui, alors même que le Carré casgrain ne fait plus partie du paysage. Ce projet a aussi permis de mettre en avant les notions de respect de la terre et du vert et de transition écologique, sans jamais évoquer ses termes, tout en faisant en sorte de créer une atmosphère conviviale entre voisins. Les habitants et usagers se sont appropriés l’espace commun.

Le projet de verdissement de la ruelle a permis d’ouvrir les consciences sur ce sujet et a sûrement aidé au développement de ce type d’initiative ailleurs dans l’arrondissement Rosemont la Petite Patrie ou dans la ville de Montréal.

La principale limite à ce projet est une limite légale. Le Carré Casgrain a eut de nombreux effets positifs au sein du quartier pour ses habitants mais il reste un squat bâti sur un terrain privé sans aucune autorisation. Liée à cette limite, celle de la pérennisation d’une telle initiative : Le Carré Casgrain était destiné à être éphémère.

Pour aller plus loin